C.LUZENT
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C.LUZENT
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Déjà durant la première guerre mondiale les Allemands ont étudié la possibilité de modifier la forme des obus pour en accroître la portée.
Le docteur Rausenberger qui travaillait sur le canon de Paris envisageait d'allonger les tubes de celui-ci de neuf mètres et d'expérimenter des obus à culot profilé afin de réduire la traînée. Ces modifications auraient permis une portée de 142 km.
Mieux, le docteur Eberhard, lui aussi affecté au développement technique du canon de Paris, propose en 1916-1917 l'utilisation d'un obus sous-calibré à sabots. Cette approche extraordinairement novatrice ne sera retenue par les Allemands que 25 ans plus tard durant la Seconde Guerre mondiale.
Pour accroître la portée de leurs canons les Allemands entreprirent à partir de 1942 des études dans leurs nouveaux laboratoires de recherche aérodynamique ultra-secrets de la Baltique à Peenemünde.
La manière la plus simple pour accroître la portée des projectiles est d'accroître leur vélocité dans le tube et leur aérodinamisme à l'extérieur du tube.
Dans cette voie les Allemands ont développé un obus sous-calibré à sabot central.
Le 31 CM-PPG "Peenemünder PfeilGeschoß" (obus flèche de Peenemünde) qui ressemble à une fléchette d'une longueur de 190 cm et d'un diamètre de 120 mm. L'obus était muni de 4 ailettes de stabilisation empêchant son retournement. Le diamètre d'enveloppe de l'empennage est de 31cm, c'est également le diamètre du sabot central qui est destiné à contenir les gaz propulsifs et transmettre toute leur énergie à la fléchette tel un piston ; ce sabot se séparant de la fléchette lors de la sortie du canon.
Cet obus a été développé primitivement pour être utilisé avec une version modifiée du canon 28cm K5 (E). Le tube devant être réalésé à un diamètre de 31cm pour éliminer les rainures devenues inutiles pour les obus stabilisés.
Deux canons ainsi modifiés furent construits par les Allemands, leurs portées avec les obus fléchettes atteignaient les 150 km .
Un de ces canons fut, semble t-il engagé dans la bataille et tira sur la 3ème armé américaine d'une distance de 125km milles.
Une autre utilisation de cet obus fléchette a été envisagée en tant qu'obus antiaérien.
Sur le même principe, une copie miniature a été développée pour le canon de 105mm de la FLAK.
L'extrême vélocité de cet obus aurait permis au servant de cette arme de viser directement les avions sans calculer le décalage entre l'avion et le point de vise en fonction de la vitesse et de l'altitude de la cible.
Dans cette configuration, des vitesses d'éjection supérieures à 1000m/sec ont été obtenues lors des essais, ce qui a été considéré comme un excellent résultat.
Les résultats des expériences allemandes retrouvés par les Alliés servirent de base au projet américain de l'après-guerre appelé <<Angled Arrow>>qui ne connut guère de succès.
Pourtant l'amélioration rapide des aciers de blindage et l'invention du blindage actif relança une fois de plus la lutte de la cuirasse et du boulet. La riposte fut le développement récent des obus fléchettes dans la lutte antichar pour leurs capacités perforantes élevées.
C'est aujourd'hui la principale arme de la cavalerie.
La forme étroite et allongée d'une fléchette permet également par son faible diamètre d'impact et sa forte inertie d'avoir un pouvoir pénétrant bien supérieur aux obus conventionnels.Cette propriété fut utilisée par les aciéries Röchling pour développer un nouvel obus super pénétrant. Après la chute de la ligne Maginot contournée mais non vaincue, les Allemands en 1940 étaient toujours à la recherche de moyens pour réduire les fortifications lourdement blindées. La firme Krupp avait adopté la solution d'augmenter le poids des obus à 7 T par l'utilisation de canons géants. Une solution plus ingénieuse et bien plus facile à mettre en ouvre fut développée par les aciéries Röchling. Le pouvoir pénétrant d'un obus et proportionnel à son poids mais varie également en fonction du cube de son diamètre (P/D³). Donc si l'on ne peut augmenter le poids il faut réduire le diamètre de l'obus.Pour réduire le diamètre de l'obus tout en gardant son poids il faut allonger celui ci, cependant les règles balistiques imposent que la longueur de l'obus ne dépasse pas 6 fois son diamètre sous peine de le voir culbuter à la sortie du tube. La Röchling résolut le problème en fixant des ailettes sur un obus très long pour le stabiliser tel une fléchette.Dessiné avec un diamètre de 170 mm cet obus était prévu pour l'obusier standard de 210. Un sabot de 210 mm fixé à la base de l'obus assurait l'étanchéité avec le tube à la manière d'un piston. Le sabot était surmonté d'un manchon en deux parties enserrant les ailettes en acier-ressort repliées autour du tube. Pour assurer un guidage dans le tube un second manchon était fixé sur la partie supérieure de l'obus. Les manchons et le sabot se séparaient de l'obus à la sortie du tube en libérant les ailettes. L'obus ainsi formé avait une longueur de 2,59 m, soit 15,25 fois son calibre, et pesait 193 Kg, son énergie cinétique avoisinait les 70 T/cm². Pour résister à cette pression et accroître l'effet pénétrant, le nez de l'obus était réalisé en carbure de tungstène
En 1941, des essais furent entrepris dans le plus grand secret sur le fort de Battice puis le fort d'Aubin Neufchâteau. Ces essais furent extrêmement concluant car l'obus parvint à perforer des galeries protégé par 40cm de béton et sous 30m de terre. En surface les obus pénétrèrent des casemates protégées par 4 m de béton armé.
Deux obus furent produit au diamètre de 210mm: 21 Cm Rö Gr 42 Be poids: 192 Kg longueur: 2591 mm charge explosive; 2,85 Kg 21 Cm Rö Gr 44 Be poids; 113 Kg longueur: 1677 mm charge explosive: 8 Kg
Des obus furent également testés avec des calibres supérieurs: 34 cm. Rö Gr. 42 Be 35 cm. Rö Gr 42 Be
Il semblerait que quelques obus furent tirés sur la forteresse de Brest-Litovsk en Russie sans en connaître les résultats opérationnels.
Entre temps Hitler ayant été informé des performances exceptionnelles des obus il en interdit l'emploi sans son autorisation, craignant qu'un projectile non-éclaté tombât entre les mains des Alliés, qui du coup auraient pu le copier. Les officiers rebutés par la paperasse d'une demande officielle ne l'utilisèrent plus au combat.
Pour accroître la portée de leurs armes d'autres projectiles furent étudiés par les Allemands, notamment des obus à ailette se déployant de l'obus à la sortie du canon.
Des obus sous-calibrés avec un sabot arrière furent également testés
Une voie intéressante pour accroître la portée, fut l'étude des obus propulsifs, c'est-à-dire des obus qui emportent avec eux un moyen de propulsion supplémentaire.
Une première approche fut l'expérimentation d'obus à coups doubles. Une première charge conventionnelle expulse le projectile hors du canon, une seconde charge fixée à l'arrière de l'obus explose en plein vol et procure une pousse supplémentaire à l'obus. Cependant, cette poussée incontrôlée nuisait gravement à la précision de l'obus.
Une seconde approche fut l'étude d'obus fusée. Une petite charge de poudre se consume à l'arrière de l'obus durant le vol et imprime une poussée supplémentaire sur l'obus.
Si la poussée était faible, les gaz expulsés avaient l'avantage de réduire considérablement la traînée aérodynamique de l'obus lui conférant une portée supplémentaire appréciable.
Cependant les essais de ce projectile n'étaient pas achevés avant la fin de la guerre et sombrèrent dans l'oubli de l'après-guerre.
Une technique très proche est réapparue depuis quelques années sous le nom d'obus exsudant. Une charge de poudre se consume à l'arrière de l'obus durant son vol ascensionnel. Cette charge n'a pas pour but de procurer un surplus de pousse mais d'éliminer la dépression (traînée) qui se forme à l'arrière l'obus et qui le freine proportionnellement à sa vitesse.
Les Américains ont failli faire les frais de cette invention durant la guerre du Golfe. L'artillerie iranienne utilisant des obus exsudant pouvait bombarder les Américains tout en étant hors de portée des canons américains. Mais heureusement ceux-ci purent riposter par l'utilisation de roquettes longue portée.
Aujourd'hui les obus exsudant tendent à se généraliser dans l'artillerie.